Conseils pour la fabrication d’un char à voile tout-terrain


Sommaire :
Pourquoi construire un Char à voile tout terrain
Quelques conditions à remplir
Les dimensions
Quel type de construction?
Les roues
Le Freinage
Quelques liens

Pourquoi construire un char à voile tout terrain ?char à voile tout terrain filant dans les champs

Il n’y a pas, à ma connaissance, de chars à voile véritablement tout terrain en vente dans le commerce.

Les engins que l’on peut voir filer à des vitesses impressionnantes sur les vastes plages de l’Atlantique ou de la Mer du Nord sont parfaitement adaptés aux grandes étendues de sable, mais peuvent difficilement s’aventurer ailleurs.

Si vous rêvez de pratiquer ce sport grisant mais que vous habitez à plusieurs centaines de kilomètres de la vaste plage de sable fin la plus proche, vous avez certainement déjà envisagé de construire un véhicule adapté aux chemins de campagne chaotiques et pittoresques proches de chez vous.

M’étant lancé dans cette aventure, je me dois de vous avertir des difficultés que vous risquez de rencontrer.
 
 
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Quelques conditions à remplir

Vous habitez la campagne.
Le char à voile tout terrain est en principe un engin assez lourd et encombrant que vous aurez du mal à transporter si vous n’habitez pas à proximité immédiate de son lieu d’évolution.

Au grand largue sous la menace de lourds nuagesVous habitez une région plate.
Plaine ou plateau, peu importe, mais il faut que le sol soit horizontal. Le char à voile tout terrain est déjà suffisamment difficile à faire avancer et à diriger sur terrain plat. En supposant même que vous arriviez à remonter les pentes, vous risqueriez une catastrophe en les redescendant.
Donc, si vous habitez la montagne, choisissez plutôt un sport de glisse ou le VTT.

Votre entourage est compréhensif.
Vous aurez probablement besoin de l’aide de quelqu’un de votre famille ou de vos amis pour pousser ou tirer le véhicule entre son garage et la pleine campagne.
Vous aurez également besoin de l’indulgence de votre conjointe (ou conjoint) lorsque vous passerez des heures à bricoler un truc parfaitement inutile qui occupe une surface considérable dans la maison tout en engloutissant l’argent du ménage.
Enfin, vous aurez besoin de la compréhension de vos voisins lorsque votre mat aura arraché leur ligne téléphonique ou lorsque votre engin aura rayé la carrosserie de leur voiture. D’autant plus qu’il est assez difficile de remplir un constat amiable lorsque le véhicule B est un quadricycle à voile tout terrain de compétition non assuré.

Vous ne craignez pas le ridicule.
Vous êtes en droit de penser que les badauds admiratifs vous contempleront avec émerveillement lorsqu’ils vous verront filer à vive allure sur les chemins ruraux.
C’est vrai, mais il se peut que vous n’atteigniez pas tout de suite la perfection et le spectacle offert par votre engin empêtré dans les tiges de maïs, votre voile coincée dans un arbre isolé ou votre retour piteux au bercail avec un essieu tordu et un pied de mat cassé ne manquera pas pour le moins de faire sourire.
Reste la solution d’effectuer les premiers essais de nuit. J’avoue ne pas avoir tenté l’expérience, j’imagine que cela doit être encore plus intéressant.
Si par hasard vous remplissez toutes ces conditions, lancez vous dans l'aventure. Je n'ai pas de plans détaillés à vous proposer, seulement quelques indications générales et quelques conseils dictés par l'expérience de mes essais et tâtonnements.
 
 
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Les dimensions

Un certain nombre de contraintes fixent les dimensions principales :

La voie, c’est à dire l’écartement des roues, est imposé par la distance entre les ornières des chemins de terre sur lesquels vous roulerez habituellement, c’est à dire environ 1m40. Cela correspond d’ailleurs à l’écartement des roues d’une voiture ou d’un tracteur, puisque ce sont eux qui ont creusé les ornières en question.

La garde au sol, c’est à dire la hauteur du point le plus bas entre les roues, est également déterminée par les chemins de terre, étant donné qu’il peut y avoir une différence de niveau assez importante entre le milieu du chemin et le fond des ornières. Disons environ 30 cm maxi.
Pour la même raison, il est indispensable que le véhicule ait 4 roues et non 3 comme les chars à voile classiques.

L’empattement, c’est à dire la distance entre les roues avant et arrière, n’est pas déterminé de façon aussi précise. Trop court, l’engin serait instable, trop long, il serait peu maniable et encombrant. La position des différents éléments est guidée par des considérations de bon sens :
- Le point situé au milieu entre les roues avant et les roues arrière devrait se trouver à peu prés à la verticale du centre de poussée de la voile, pour que le char n’ait pas tendance à quitter sa trajectoire (à lofer ou à abattre diraient les marins). Pour une voile triangulaire, ce centre de poussée est au tiers de la distance entre le mat et le point d’écoute.
- Pour gagner de la place, je suggère que le pilote soit en partie placé sous la voile plutôt que derrière elle. On a de toute façon intérêt à ce que la voile soit située assez haut pour bien prendre le vent qui passe au dessus des cultures, mais pas trop haut quand même pour éviter de basculer.
- Le point d’écoute doit être à portée de main du pilote.
- Le centre de gravité de l’ensemble char + pilote doit être nettement en avant de la roue arrière. S’il en est trop proche, les roues avant n’appuieront pas assez sur le sol et les virages seront aléatoires. Si le centre de gravité se trouve être à un moment donné en arrière de la roue arrière, l’avant du véhicule se soulèvera et vous basculerez en arrière sous les applaudissements de la foule venue assister à vos évolutions.
 
 
 
 
 
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Quel type de construction?
A priori, vous avez le choix des matériaux, acier, aluminium, bois, résine armée de fibre de verre ou de carbone, ou un mélange de toutes ces techniques. Chacun choisira selon ses compétences, les outils dont il dispose et les éléments qu’il peut récupérer.
Il y a en tout cas un impératif à respecter : la SOLIDITÉ. Vous devrez trouver un compromis entre la robustesse et le légèreté, mais gardez à l’esprit que l’engin sera soumis à des chocs dus aux irrégularités du terrain, ce qui n’est pas le cas pour les chars à voile roulant sur les plages de sable.Nicolas aux commandes
Les points particulièrement soumis à des contraintes sont les axes de roues et le pied de mat (c’est en tout cas ce qui a cassé le plus souvent sur mes premiers prototypes).
Le modèle dont les photos figurent sur cette page est réalisé à partir d’une petite remorque de voiture dont on a enlevé le plateau et le système de fixation.
L’essieu avant est constitué d’une poutre en bois qui pivote autour d’un axe vertical fixé au bras de la remorque. Il est commandé par un système de cordages reliés à des pédales. Des Sandows tendent à le ramener en position perpendiculaire à l’axe du véhicule. Ce système de direction assez rudimentaire a le mérite de laisser les 2 mains libres.
Le siège est bricolé à partir d’une planche de bois, de tubes métalliques vissés et d’un vieux blue-jean.
Le pied de mat est un tube d’acier soudé au bras de la remorque.
La voile et le mat sont ceux d’une planche à voile. Une petite poulie a été fixée à l’extrémité du wishbone (au point d’écoute). Un cordage fixé au siège passe dans cette poulie, l’autre extrémité est tenue par le pilote qui peut ainsi border la voile en fonction de la direction du vent et de la vitesse du bolide.
Le pilote est un gamin choisi pour sa témérité et sa résistance aux hématomes.
 
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Navigation au près à la limite du chavirage dans le préLes roues
Elles doivent être assez larges pour ne pas s’embourber dans les ornières, elles doivent résister aux chocs et aux porte-à-faux.
Si vous choisissez des roues de vélo (VTT si possible), sachez qu’elles doivent être maintenues des 2 côtés, ce qui oblige à construire une armature. Si vous voulez éviter cette difficulté et les maintenir d’un seul côté, il faudra utiliser des roues dont l’essieu est prévu pour cela, par exemple des roues de fauteuil roulant. La première idée qui vous viendra probablement à l’esprit pour vous procurer des roues de fauteuil roulant est de les voler à un handicapé sans défense. Je vous déconseille formellement cette pratique qui est fortement réprimée par la loi. Sachez que jamais aucun tribunal n’a reconnu de circonstances atténuantes à des constructeurs de char à voile ayant agressé des handicapés en fauteuil roulant.
Les roues de la remorque de voiture dont il était question au paragraphe précédent présentaient l’avantage de la robustesse. En outre, elles étaient relativement basses et étaient recouvertes d’un solide garde-boue, ce qui permettait de s’asseoir dessus lorsqu’un fort vent de côté obligeait à faire contrepoids (voir photo).
 
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Le freinage
C'est un élément qu'il ne faut pas négliger.
Imaginez que vous ayez réussi à atteindre une certaine vitesse sur un chemin étroit et qu'un tracteur se présente face à vous roulant en sens opposé. Admettons même que le conducteur du dit engin agricole s'arrête instantanément sous l'effet de la surprise ou simplement par prudence. Vous avez alors le choix entre trois solutions :
1°) vous continuez votre chemin et vous percutez le tracteur
2°) vous changez de direction et continuez votre route dans le champ de blé qui borde le chemin
3°) vous freinez.
Les 2 premières solutions sont à éviter si vous voulez vous faire des amis dans le milieu agricole. La troisième suppose que vous ayez prévu un système de freinage efficace sur votre engin.
On pourrait envisager de freiner en bordant la voile contre le vent. Cette manoeuvre est réalisable en planche à voile mais elle me parait difficile si l'on n'est pas directement au contact de la voile.
L'idéal serait d'agir directement sur les roues : patins de freins ou frein à tambour.
J'ai utilisé sur mes prototypes de simples bâtons pivotant autour d'un axe horizontal qui raclaient le sol lorsqu'on tirait dessus. Ce n'est pas très efficace sur un sol dur.
En cas d'urgence, on peut toujours poser les pieds par terre et freiner avec la semelle des chaussures.
 
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J'espère vous avoir dissuadé à tout jamais de tenter cette aventure farfelue, mais si vous persistez, n'oubliez pas de respecter quelques règles élémentaires de sécurité :
- N'empruntez jamais les routes ou chemins fréquentés par des voitures.
- Évitez les jours d'intense activité agricole, privilégiez les dimanches.
- Le port d'un casque et de vêtements solides est conseillé.

Mon dernier prototype, après avoir rouillé quelques temps dans mon jardin, a terminé sa carrière dans une décharge publique, et il ne reste plus de cette expérience insolite que cette page sur la grande toile et quelques photos. Un jour, peut être reprendrai-je mon tournevis et ma scie. Qui sait ?

Quelques liens
Si vous souhaitez en savoir plus sur le char à voile, quelques sites plus sérieux que celui-ci pourront vous renseigner :
La Fédération Française de Char à Voile
L'Association des pilotes et propriétaires de Chars à Voile
L'Eole club de Berck sur mer
La Ligue Aquitaine de Char à Voile
Le Centre nautique de Plestin les Grèves en Bretagne. C'est là que j'ai tiré mes premiers bords sur un vrai char à voile sur une vraie plage (photo ci-contre)
Le portail Andy.fr portail de service dédié aux handicapés moteurs qui consacre un article au char à voile accessible aux paraplégiques et tétraplégiques.
Le site Landbuggy consacré aux fabrications artisanales de chars à cerf-volants.
Le site d'Arnaud BOSREPER, breton passionné qui a construit son propre char à voile.
 

Et n'hésitez pas à M'ÉCRIRE pour me faire part de vos impressions ou de votre expérience personnelle.
 
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